Histoire de l’abbaye

                                                      

Plan de l’abbaye avant la révolution et sa démolition                                         L’abbaye est classée Monument Historique depuis 1932

L’abbaye naît en 1130, de la volonté du comte de Ponthieu Guillaume,  l’un des plus grands personnages de la Normandie à cette époque. C’est lui qui fait don des terres nécessaires à l’implantation de l’abbaye envers laquelle il se montre fort généreux. Il en ira de même de son fils le comte Jean d’Alençon. Les descendants de ce dernier, titrés comtes d’Alençon et vicomtes de Châtellerault, se bornèrent à une protection plus lointaine et moins efficace, mais les relations avec la famille du fondateur restèrent cordiales jusqu’à la guerre de Cent Ans (1337-1453).

Blason du comte de Ponthieu qui devient celui de l’abbaye également.

L’abbaye, à sa création rattachée à l’ordre anglo-normand de Savigny, se fait d’abord appeler Sainte-Marie-de-Vignats, du nom d’un puissant château-fort situé à proximité (d’où de nombreuses confusions ultérieures avec l’abbaye féminine voisine de Sainte-Marguerite-de-Vignats).

Le 19 septembre 1143, lors de la consécration de sa première église (certainement de style roman), elle adopte le vocable de Saint-André.

En 1147, comme sa maison-mère et toute la congrégation qui en était issue, Saint-André se rallie à l’ordre de Cîteaux.

1150, Saint-André donne à son tour naissance à une « abbaye-fille », Tironneau (diocèse du Mans). Désormais l’abbaye ne cessa de participer au mouvement général de l’ordre cistercien, tout en conservant, en matière économique, les coutumes propres à la filiation de Savigny.

Le sommet dans la prospérité semble avoir été atteint du temps de l’abbé Renaud (v. 1227-1250) qui en profita pour entreprendre, sur un plan très vaste, la reconstruction de l’église (de 1241 à 1252).

En 1271 l’abbé Mathieu se procura des reliques de l’apôtre André venues de Patras en Grèce.

Ensuite une certaine stagnation commença, avant même le début du XIVe siècle.

Avec les guerres anglaises, comme partout, la tragédie vint. Vers 1356 l’abbaye fut partiellement incendiée et les moines, emportant leurs archives, durent se réfugier quelque temps à l’abri des murs de Falaise. L’abbaye sera de nouveau endommagée en janvier 1590 lorsque les troupes d’Henri IV assiègent Falaise.

En 1450 Saint-André servit de gîte à Charles VII après la prise de Caen. Mais, pire qu’une guerre, la pratique de la commende inaugurée en 1555, entraînera une décadence irrémédiable (les abbés, inconnus de leurs moines et toujours absents, se réservaient les deux-tiers du revenu). Au XVIIIe siècle, on vit une famille florentine, les Albergotti (branche des Albizzi), se succéder à l’abbatiat d’oncle en neveu sans quitter la Toscane. Les revenus de la commende évalués en 1771 sont de 12424 livres. En 1790, il n’y avait plus alors que sept ou huit religieux qui s’endettaient à faire construire, pour l’un d’eux, un orgue monumental.

La Révolution éclata et se montra d’abord bienveillante. Le dernier prieur devint maire de la commune de La Hoguette.

Au printemps 1792, l’abbaye fut adjugée, comme bien national, pour la somme de 45000 livres (sur mise à prix de 38213 livres) au sieur Jacques Bellou, laboureur à Villers-Canivet. La principale cloche fut transférée à Montabard.

Aussitôt les démolisseurs se mirent au travail ; ils firent vite et bien. Dans l’année, tout fut rasé…

Cloche de l’abbatiale de l’abbaye